Published on août 5th, 2021 | by Ryan Hess
0La Chute de la Dynastie Capétienne : La Famille Royale Inconnue qui a changé la France Moderne. Partie IV – Interdit aux Filles
Le roi Louis X est mort, à la suite d’une partie de tennis particulièrement éprouvante. Son premier enfant est une fille, mais pire encore, elle est d’une légitimité douteuse. Aussi désastreux que cela puisse être pour la maison Capet, l’espoir renaît lorsque sa femme donne naissance à un garçon, Jean Ier. Philippe V, l’oncle du garçon, régnera en tant que régent jusqu’à sa majorité. Il bénéficiera de ce qu’il y a de mieux en matière de formation et d’éducation et la dynastie persévérera. Tous les espoirs de stabilité d’une nation entière reposent sur le nouveau-né, Jean Ier.
Jean Ier décède 5 jours plus tard. Ce plan est donc tombé à l’eau et la famille Capet, de moins en moins nombreuse, doit trouver un meilleur moyen de perpétuer cette lignée royale décidément pas maudite. La solution la plus simple consiste à couronner Jeanne Ière, la fille de Louis X et de sa femme Marguerite, comme reine. Le problème était qu’il y avait de fortes chances que le vrai père de Jeanne soit un chevalier sans nom, bien que probablement très beau, exécuté depuis longtemps pour ses badinages avec une princesse. Cependant, comme il n’y avait aucun moyen de le prouver, Jeanne et ses partisans avaient une revendication au trône particulièrement forte. Philippe V aurait dû être le prochain dans la lignée et il n’était pas question qu’il laisse sa nièce illégitime monter sur le trône à son tour.
Il fait donc ce que tout prince lésé devrait faire lorsqu’il est confronté à un problème qui ne peut être résolu par l’équité et la logique : il le porte devant les États généraux. Le même corps juridique que son père avait formé – ce qui signifie qu’ils pouvaient clairement être des arbitres objectifs et justes de la loi. Les États généraux conviennent qu’une femme, surtout si elle est illégitime, n’est tout simplement pas capable de gouverner. Selon un précédent juridique obscur, qui n’avait pas été appliqué depuis des siècles, les illustres États généraux, tous masculins, ont décidé qu' »aucune partie de l’héritage ne reviendra à une femme, mais tout l’héritage de la terre reviendra au sexe masculin. »[1] Cela signifie que non seulement Jeanne ne pourra jamais hériter de la couronne, mais que la succession passera à jamais au parent masculin le plus proche dans la lignée masculine. Cette décision, aussi petite et insignifiante qu’elle puisse paraître aujourd’hui, entraînera une guerre qui durera des générations. Pour l’instant, Philippe V pouvait prendre la couronne et il n’y avait pas grand chose à faire pour l’en empêcher.
Tout semblait bien se passer à l’époque. Philippe V était en bonne santé, heureux en mariage, et avait déjà une fille. Il ne lui restait plus qu’à avoir un fils et la dynastie capétienne pourrait se remettre sur les rails. Philippe semblait être un roi avisé, doté d’ambitions et capable de les réaliser. Il était populaire auprès du peuple et de la noblesse française jusqu’à ce qu’il ait l’audace de tenter des réformes fiscales qui aideraient les paysans français. Il a même fait des progrès en apaisant certaines des animosités les plus tenaces avec le mari de sa sœur Isabelle, Édouard II, le roi d’Angleterre. S’il était resté au pouvoir, il est probable que la France serait restée stable et forte, mais la malédiction de Jacques de Molay frappa à nouveau et 8 ans après son accession au trône, Philippe V mourut.
Charles IV, le dernier des fils de Philippe IV, monte sur le trône en 1322. Bien que la France doive à nouveau couronner un nouveau roi, Charles semble capable de régner à la place de son frère, de son autre frère et de son père. En tant que jeune roi en bonne santé et vigoureux, marié à une femme ayant de nombreuses années de grossesse devant elle et possédant le pedigree requis pour un Capet, il représentait l’espoir. Il représentait la possibilité que la France ait enfin un roi qui reste sur le trône pendant plus de dix ans. Plus important encore, il représentait l’espoir qu’il aurait un fils et que ce prince sauverait les Capétiens de l’extinction. Il ne devrait surprendre personne à ce stade que, 6 ans après son ascension, Charles IV meurt également. Pour la famille, ce fut un désastre absolu. Il avait été le dernier de la lignée des Capétiens. Le dernier fils de Philippe IV. Il n’y avait plus de descendants directs des Capet pour prendre la couronne. Enfin, il n’y avait plus de Capet mâle. Il y avait la fille de Philippe IV, Isabelle. Mais ne viennent-ils pas de décider que le titre de roi ne peut pas passer à une femme ? Isabelle n’était pas d’accord et elle avait un plan pour s’assurer que le pouvoir de la couronne française tombait dans les bonnes mains, les siennes.
[1] Roy Cave, A Source Book for Medieval Economic History (Biblo et Tannen, 1965).
Cet article a été traduit en français par Marie Pireddu.
Crédit Photo d’En-tête : Ryan Hess