Art & Culture

Published on novembre 1st, 2022 | by Isabelle Vaurie

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Mark Alsterlind, un artiste californien en Provence

Manosque: les champs de lavande des plateaux alentours qui embaument les soirs d’été, les montagnes aux contours arrondis, la légèreté de l’air, les cigales, mais surtout la lumière : on comprend que Cézanne, Bazille ou Van Gogh aient tant aimé le sud de la France. C’est aussi le cas de Mark Alsterlind, qui a installé son vaste atelier dans ce cadre. Le plus français des peintres californiens travaille en Provence depuis plusieurs années. C’est dans la chaleur de l’été, avec de la musique classique en toile de fond, comme il aime en écouter, que nous l’avons rencontré. 

Mark Alsterlind.
Crédit Photo : Isabelle Vaurie

Vous êtes arrivé en France il y a longtemps, pourquoi la France? 

Étrangement, je ne parlais pas français et un curieux hasard m’a amené ici. J’avais fini mes études d’histoire, et je vivais une période très riche historiquement, les années 60 aux USA ont été un moment bouillonnant. Sur les conseils d’un ami j’ai décidé de voyager, je suis allé à Paris. A mon arrivée, cela a été un choc incroyable. Je ne parlais pas français mais je me sentais d’ici, les choses me semblaient simples. Je devais rester assez peu de temps mais cela s’est prolongé plusieurs mois, puis je suis parti pour un tour du monde de deux ans. J’ai séjourné en Inde entre autres, où on pouvait vivre avec 30 dollars par mois. Ensuite je suis retourné en Californie où j’ai fait les Beaux Arts, une vraie chance. La formation était très solide, il fallait tout savoir faire. Je pensais plutôt à l’illustration à l’époque, mais j’ai rapidement compris que ce que je voulais faire c’était le dessin, la peinture. Et je suis revenu en France. 

Vous n’êtes pas arrivé tout de suite en Provence ?

Non, j’étais à Paris, où j’ai aussi un atelier, puis j’ai séjourné en Dordogne où j’ai travaillé sur la réplique de la grotte Lascaux 2: un moment formateur et très fort, ce travail sur des oeuvres qui nous racontent quelque chose de l’humanité, cette peinture figurative de l’origine, c’est très émouvant. Mais j’ai ensuite passé plusieurs années entre Arles, Nîmes et Beaucaire, j’ai donné des cours et varié les activités et je suis arrivé ici il y a 5 ans. J’ai pu avoir cet atelier que j’ai créé pour qu’il soit totalement adapté à mon travail. J’y fabrique mes toiles, mes châssis, mes peintures avec les pigments que je choisis. J’aime bien tout faire, jusqu’à ces tables roulantes avec des plateaux pour mettre les œuvres dessus, cela permet de tout sortir facilement pour mettre les toiles dehors si j’en ai envie. 

Crédit Photo : Isabelle Vaurie

Il y a plusieurs œuvres en cours en même temps, certaines sont dehors, d’autres dans l’atelier, comment travaillez-vous ? 

J’aime être en extérieur. Déjà parce qu’à certains moments je manquais de place à l’intérieur. Avant d’être ici on m’avait prêté un terrain et cela me donnait la possibilité de travailler dehors, avec de la place. Cela permet de grands formats. Et puis j’aime travailler des œuvres qui expriment le temps qui passe, alors je laisse certaines toiles dehors, je les travaille régulièrement, et je laisse la nature s’imprimer; la pluie, la lumière laissent leurs marques. Les toiles s’imprègnent des éléments. Certaines sont là depuis plusieurs mois, parfois des années. Ce paravent par exemple, il faut travailler sur les deux faces donc c’est plus long, elle est ici depuis 3 ans je pense. Ce paravent raconte quelque chose, ce qu’il a vécu. 

Crédit Photo : Isabelle Vaurie

On sent que la nature fait partie intégrante de votre travail, au-delà d’un hommage.

La transition écologique, et ce que les arbres peuvent nous apporter, m’intéressent beaucoup. Je travaille sur un projet avec Francis Hallé, (biologiste et botaniste) qui a monté une association pour recréer une forêt primaire, en Europe occidentale. L’arbre est vital, les forêts sont en danger partout, alors qu’elles nous protègent. Le projet de l’association (voir les références ci-dessous) est de recréer 70.000 hectares de forêt primaire à laquelle on ne touche pas. Les arbres n’ont pas besoin de l’homme, ils sont fascinants et ils sont en effet très présents dans mon travail. Ils communiquent entre eux, ils sont vivants et durent bien plus que nous. C’est drôle parce que certains pensent que ce n’est pas possible une forêt primaire, qu’il faut intervenir sur les forêts, mais ce n’est pas le cas. Les arbres n’ont pas besoin de nous, c’est le contraire…. La nature est donc très présente oui. 

Crédit Photo : Isabelle Vaurie

Vous travaillez aussi sur des œuvres qui sont des livres au départ ?

Oui, j’utilise des livres que je peins, certains sont énormes, volumineux, et j’aime explorer ces volumes. Ils sont faits de feuilles donc d’arbres, si bien qu’on retrouve les arbres d’un bout à l’autre de mon travail. Il y en a que je superpose et attache ensemble.

Ils ressemblent à des sculptures en fait, ces livres superposés ….

Oui, il y a de ça, un travail en volume pour certains, qui peuvent varier quand on tourne les pages. C’est un travail qui est long, mais très intéressant. Et pour l’œuvre, elle devient multiple, elle change selon la page qu’on choisit.

Vous avez beaucoup exposé, mais en gardant une grande liberté dans votre façon de choisir vos expositions, c’est un parti pris, pour quelles raisons ? 

J’aurais pu choisir de rester aux Etats-Unis, travailler et exposer à New-York, où il y a tellement de possibilités, d’avoir des galeries qui choisissent d’exposer telle oeuvre plutôt qu’une autre et cela aurait probablement été plus facile par moments, mais j’ai préféré garder ma liberté. C’est ce qui m’a permis de travailler sur des projets très différents, allant de mon travail à l’atelier, à la création d’affiches pour les événements comme les corridas d’Arles, des créations de peintures en chocolat et des visites dans Paris. Je montre le Paris des peintres aux amateurs, je reçois des Américains d’ailleurs souvent pour cela. J’ai préservé ma liberté je pense que c’était plus important pour moi, j’ai pu garder cette diversité d’activités. 

Merci à Mark Alsterlind pour son accueil et ce partage. 

Pour en savoir plus: 

https://www.markalsterlind.com

instagram.com/markalsterlind

www.forest-art-project.fr

Possibilités de visite de l’atelier à Manosque et visites à Paris où Mark Alsterlind fait des visites.


About the Author

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est agrégée d'anglais et diplômée en sociologie. Elle enseigne dans le supérieur et elle vit depuis 2021 sur L'Ile de la Réunion où elle a posé ses valises après de nombreux voyages et déménagements.



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