Published on janvier 31st, 2023 | by Laurence de Valmy
0Rencontre avec la créatrice du compte Instagram Match with Art
Les plateformes de média sociaux ont attiré un nouveau public pour les galeries d’art et des institutions artistiques et fait évoluer leur communication. Les créateurs de contenu sont devenus de véritables acteurs de relations publiques et dans le milieu de l’art, Instagram est une de leur plateforme de prédilection. Le compte Instagram Match with Art créé par Salomé fait partie de cette nouvelle génération : avec plus de 20 000 abonnés et près de 500 publications, Match with Art a trouvé son public et rencontre un succès grandissant. Son approche ? Créer des visuels dans lesquels elle juxtapose une œuvre d’art et un portrait d’elle vêtue d’une tenue inspirée par l’œuvre. Elle profite de sa plateforme pour partager dans la légende, l’histoire de l’œuvre et contribue ainsi à la démocratisation de l’art de manière ludique.
Elle a partagé avec nous son parcours, sa passion pour l’art et ses ambitions pour l’avenir.
Photo d’en-tête oeuvre de Fara Atassi au Musée Picasso Paris
Quel a été votre parcours avant de créer Match with Art ?
J’ai démarré avec des études de marketing dans l’univers du luxe et cela m’a amenée à réaliser que l’art était la version ultime du luxe. J’ai démarré au service presse de Drouot puis d’un club d’art. J’ai alors fait une formation additionnelle dans le marché de l’art et en parallèle j’avais créé Match with Art pour partager mes visites d’expositions. Cela est parti du constat que la plupart du temps, la seule chose tangible que l’on puisse rapporter d’une exposition, notamment en musée, ce sont les photos.
J’avais lu un article qui déclarait que les gens ont tendance à plus s’arrêter sur une image d’art si quelqu’un est présent devant l’œuvre. La présence d’un public démystifie l’aura que peut avoir l’art. Seulement, ce principe de prendre des photographies du public devant les œuvres d’art était déjà devenu trop courant et utilisé par les institutions.
Je voyais que le matching était quelque chose qui plaisait dans d’autres univers et j’ai eu l’envie de le faire pour l’art.
J’ai développé cette activité en parallèle de mon travail et en 2022, j’ai choisi de me lancer vraiment tout en continuant à travailler en freelance. J’ai eu plusieurs contrats de collaboration avec des marques et des institutions et mon planning est bien rempli dans les mois à venir, je suis ravie.
Comment réalisez-vous ces photos et comment sourcez-vous les tenues ?
Tout part de l’œuvre, je repère celles que je souhaite mettre en avant en fonction des actualités. Je me rends ensuite sur place pour repérer l’œuvre, vérifier la faisabilité et enfin je cherche les vêtements adaptés. Je collabore avec des plateformes multi marques qui me prêtent les tenues. Les vêtements ne sont pas créés pour l’occasion, c’est vraiment un travail de recherche pour trouver les bonnes pièces.
Pour finir, je réalise la photographie, de préférence à des heures creuses. Je réalise une trentaine de clichés, pour choisir la meilleure possible. Enfin vient la partie édition de l’image pour peaufiner son esthétisme.
La rédaction de la légende est une partie en soi : j’ai pour objectif de partager de manière simple des informations pertinentes et importantes. Je fais donc beaucoup de recherches avant de les rédiger. Je simplifie le vocabulaire utilisé afin que tout le monde puisse le comprendre et pas seulement les historiens de l’art. Je mets des anecdotes, des informations qu’on ne va pas lire partout. Je pense que c’est ce qui intéresse le plus les gens, des histoires amusantes, des particularités sur la vie ou le travail de l’artiste.
Pourquoi avoir créé ce compte ? Que souhaitez-vous transmettre grâce à celui-ci ?
Ce compte a une double vocation : capter l’attention de personnes déjà intéressées par le milieu de l’art, et attirer un nouveau public plus sensible à la mode. Si certains vont d’abord s’arrêter sur l’œuvre d’art et ensuite regarder la tenue, d’autres vont faire la recherche inverse. Ils vont être attirés par l’idée de correspondre à une œuvre, et ensuite regarder l’œuvre qui l’a inspirée.
L’objectif final est de pousser les gens à se rendre dans les lieux culturels afin de voir l’œuvre avec laquelle j’ai accordé ma tenue. Mon mantra pourrait être : “Poussez les portes, l’art vous attend !”
Quels sont vos projets à venir ?
Je commence l’année avec des partenariats avec l’Hôtel de Caumont (Aix en Provence) et leur exposition d’Yves Klein puis je pars en Suisse pour une exposition au Musée d’Art de Genève et enfin à Nice pour une autre institution. J’ai également mis en avant des expositions d’artistes contemporains dont je suis fan comme celle de l’artiste Farah Atassi au Musée Picasso. J’ai d’autres projets en gestation mais il est trop tôt pour en parler.
Quels sont les challenges de ce nouveau métier ?
Faire connaître le métier de créateur de contenu et démystifier ce que l’on fait et le prix de nos prestations. C’est encore très neuf pour beaucoup d’institutions et de galeries.
Communiquer avec des comptes comme le mien permet de casser l’image très élitiste de ce milieu. Pousser la porte des grandes galeries est souvent une expérience intimidante. Mon objectif est de parler simplement des œuvres pour donner envie aux gens d’aller voir les expositions que ce soit des novices ou des amateurs avertis.
Quel est le projet de vos rêves ?
J’adorerai faire une collaboration avec un musée américain ! Je suis bien sûr également intéressée par les projets à la croisée des chemins entre la mode et l’art. Mon objectif serait de soutenir la création contemporaine.