Published on mai 2nd, 2023 | by Isabelle Karamooz, Founder of FQM
0De Las Vegas à la Normandie : l’histoire de la transformation de Madison dans “Arizona Stars” – Interview avec la romancière Virna Lorentz
Concernant votre troisième roman « Arizona Stars, » l’Arizona est très présent ainsi que Las Vegas qui est toujours au cœur de votre saga. Madison y est l’héroïne et réside à Las Vegas. Comment avez-vous choisi de vous intéresser à ce personnage ? Comment vous avez eu l’idée d’écrire « Arizona Stars ? »
C’est la providence qui en novembre 2015, m’a fait croiser le chemin de Madison au Bellagio, sur Las Vegas Boulevard, au détour d’un banal rendez-vous dans un spa. Cette sublime Afro-américaine aux yeux indigo a instantanément su engager la conversation avec moi. De fil en aiguille, nous en sommes venues à nous découvrir de nombreux intérêts communs, avec un faible tout particulier pour la Normandie, chacune ayant ses propres raisons… Pour ma part, je puise dans cette région si chère aux peintres impressionnistes, une source intarissable d’inspiration. Pour Madison, cela va bien au-delà, puisqu’elle doit un quart de son patrimoine génétique à la Normandie. Dans sa famille, depuis trois générations, l’année 1944 marque le point de départ d’une odyssée, aussi passionnelle que tragique. Au lendemain du D-Day, un amour infini voit le jour entre Élise et Bradley, futurs grands-parents paternels de Madison. Élise, alors âgée de vingt et un ans, originaire d’Évreux, est promise au comte Maxence. Mais un jeune G.I. noir américain natif de La Nouvelle-Orléans, prénommé Bradley, s’éprend follement d’Élise, lui demande sa main, avant de périr dans des circonstances troubles, jamais élucidées. De cet amour, à l’époque impensable, naîtront les jumeaux Ryan et Bradley Junior. Madison est la fille unique de ce dernier. Lorsque j’ai fait la connaissance de la jeune femme en 2015, celle-ci caressait déjà le désir de traverser l’Atlantique pour gagner la Normandie. Un retour aux sources ? Pas seulement. Madison espérait secrètement apporter à Élise quelques éléments de réponse sur la mort tragique de Bradley. Ce voyage, Madison l’a accompli à l’été 2016, sans anticiper une seule seconde les bouleversements irréversibles qu’elle s’apprêtait à vivre, impactant de plein fouet toute sa famille à La Nouvelle-Orléans. Ainsi, ARIZONA STARS est dédié à Madison, à sa quête de vérité et de justice, mais aussi à son périple hors normes qui la mènera sur les sentiers normands de l’amour et de la résilience.
Madison est un personnage féminin. Est-ce que vous êtes plus à l’aise à l’écriture d’un personnage masculin ou d’un personnage féminin ? Mais aussi, est-ce que c’est plus facile ou plus difficile d’écrire sur un personnage que l’on a rencontré en réel ?
L’écriture est pour moi comme une interprétation sur les planches ou au cinéma. J’interprète tour à tour, le rôle de chacun des personnages de mon roman, en essayant au mieux d’intérioriser leurs émotions pour ensuite, les restituer au fil de la plume. Il est vrai que dans mon précédent roman MIRAGE BLUES, Élise était le personnage phare tout au long de l’intrigue. Sans doute cela donne-t-il à penser que je me sens plus à l’aise avec les personnages féminins, mais en fait, je ne suis pas certaine que ce soit le cas. Je crois surtout que c’est mon côté féministe qui prend le dessus, et m’incite à mettre en lumière des femmes à la destinée flamboyante.
Pour ce qui est des personnages réels ou de fiction, je dirai qu’il est plus ardu de mettre en scène un protagoniste rencontré dans la vraie vie. Coller à la vérité devient un leitmotiv au travers du processus d’écriture, tandis que dans une fiction, toutes les folies sont permises !
Quand j’ai lu votre second roman « Mirage Blues, » je suis tout de suite tombée amoureuse d’Élise et Bradley. Je trouvais qu’ils formaient un couple tellement touchant. De leur union, de leur passion interdite, naîtront les jumeaux Ryan et Bradley Junior. Le fait d’écrire sur des personnes qui ont vraiment existé, je me demandais si ça vous intéresserait un jour d’écrire une véritable biographie ?
Une biographie, oui, pourquoi pas ? Mais seulement si je suis passionnée par l’œuvre, la carrière ou le talent de la personnalité dont j’écrirais la biographie. S’il me fallait vous donner deux noms, là tout de suite, ce serait Lady Day (Billie Holiday) ou Sarah Bernhardt. Deux femmes, deux destins exceptionnels. Malheureusement pour moi, il existe déjà pléthore de biographies consacrées à ces deux immenses artistes.
Pour finir, je pose toujours une question de recommandation de lecture. Quel est le dernier auteur pour lequel vous avez eu un coup de cœur, et que vous aimeriez recommander aux lecteurs de French Quarter Magazine ?
Je lis en portugais le dernier ouvrage du très célèbre photographe brésilien Sebastião Salgado intitulé « Amazônia ». Il y est question des phénomènes climatiques amazoniens, des enjeux de demain autour du « poumon du monde », mais aussi des tribus autochtones, de leurs traditions et de leurs modes de vie ancestraux. Certains de ces peuples n’ont encore jamais été en contact avec le monde extérieur. Selon moi, il n’est pas meilleur ouvrage que celui-ci pour se déconnecter de notre réalité parfois oppressante, tout en contemplant des clichés à couper le souffle ! Je recommande également sans réserve l’exposition éponyme au Musée du Futur (Museu do Amanhã) de Rio de Janeiro.
Juste un mot au sujet du Brésil où vous partagez votre vie désormais entre des allers-retours sur la Côte d’Azur. En plus de la maîtrise de la langue, le Portugais, vous êtes tombée amoureuse de Rio de Janeiro ? Je profite de cette interview pour jouer la curieuse… 🙂
Il faut bien admettre que les cariocas (habitants de Rio de Janeiro) sont en quelque sorte bénis des dieux ! Végétation luxuriante, oiseaux de paradis, plages à perte de vue, sable doré, fruits tropicaux à gogo, airs de bossa-nova à chaque coin de rue, sites géologiques à tomber, climat estival dominant, le tout sous le regard bienveillant du Christ Rédempteur surplombant la forêt tropicale de Tijuca et la Baie de Guanabara. Culturellement bigarré, le portugais brésilien ne revêt pas les sonorités d’une langue, mais bien celles d’une douce mélodie. Enfin, pour les fins gourmets, l’éventail de la gastronomie locale promet de ravir les papilles des plus exigeants, outre les innombrables restaurants aux couleurs internationales.
Vous êtes une romancière française dont le parcours professionnel est assez unique. Vous connaissez bien le monde de l’édition. Vous êtes traductrice de formation, vous parlez 5 langues, votre éditeur actuel est basé à Paris et comme vous le montrez dans vos deux derniers romans, vous avez un attachement pour l’Amérique, en particulier Las Vegas et La Nouvelle-Orléans où se nouent et dénouent vos histoires. Comment ça se passe concrètement, de publier des romans aujourd’hui et quel regard portez-vous sur votre évolution ?
La question qui tue ! Je ne m’exprimerai ici que sur le paysage éditorial français que je connais depuis 2018. Force est de constater que celui-ci se dégrade d’année en année. Un an après la parution de mon premier roman LUNE POURPRE en mars 2019, la Covid a contraint des centaines d’auteurs à s’autopublier sur Amazon. Une myriade de petites maisons d’édition a mis la clé sous la porte. Quant aux grandes maisons d’édition, certaines n’acceptent plus les nouveaux manuscrits, fermant ainsi leurs portes à de nombreux auteurs.
Pour ma part, mon premier roman LUNE POURPRE a été publié chez un éditeur parisien pendant un an et demi, puis est venue la crise sanitaire avec toutes les conséquences économiques que l’on connaît : fermeture des librairies, maisons d’édition à l’arrêt, crise du papier qui, cela dit en passant, perdure encore à l’heure actuelle. J’ai donc décidé de récupérer mes droits sur mon roman pour plus de tranquillité d’esprit, afin de le commercialiser en exclusivité sur Amazon. J’ai fait de même avec MIRAGE BLUES, mon second roman. ARIZONA STARS, mon troisième roman, revient dans le circuit traditionnel aux éditions MAÏA, Paris. Je ne peux que souhaiter une collaboration fructueuse et constructive avec mon nouvel éditeur.
Le regard que je porte sur mon évolution ?
Mes études de linguiste m’ont donné l’occasion d’avoir plusieurs casquettes tout au long de ma carrière : traductrice, interprète, formatrice en langues étrangères, romancière. J’ai la chance de planer à dix mille lieues au-dessus de la stratosphère grâce aux personnages de mes romans qui enivrent mon imagination. Que demander de plus ?
Pour en savoir davantage sur mes projets littéraires en cours ou à venir, il suffit de surfer sur mon site officiel www.virnalorentz.com !
ARIZONA STARS est disponible à la vente sur www.editions-maia.com (sans frais de port, y compris pour l’étranger), ainsi que dans toutes les bonnes librairies !