Published on mai 26th, 2021 | by Isabelle Karamooz, Founder of FQM
0Une Interview de Virna Lorentz avec French Quarter Magazine
On vous doit tout d’abord « Lune Pourpre », votre premier roman paru en 2019 sur le sujet de la Normandie du XVIème siècle qui vous est chère et lequel a reçu un franc succès. Votre second roman, « Mirage Blues, » réunit une énième fois la Normandie mais également la Louisiane et l’Ouest américain et plus particulièrement Las Vegas. Cette dernière ville vous tend alors les bras. Pouvez-vous nous parler de cette rencontre fortuite que vous avez faite au fin fond du Nevada en 2015 ?
Crédit Photo d’En-tête : La Fédération des Alliances Françaises USA.
J’étais en vacances à Las Vegas et j’avais un rendez-vous au Bellagio. Le hasard a voulu que je rencontre Madison. De fil en aiguille, cette splendide jeune Afro-Américaine aux yeux d’un bleu mauve envoûtant m’a révélé ses origines normandes. J’avoue avoir été quelque peu déroutée, et Madison a dû immédiatement s’en apercevoir. Elle a alors éclairé ma lanterne en précisant que son grand-père Bradley, un G.I. noir américain, avait connu sa grand-mère Élise peu de temps après le débarquement de Normandie, à Évreux. Captivée, je me suis laissé emporter dans le tourbillon de son récit, mais malheureusement, mon rendez-vous n’a pas duré assez longtemps. Je brûlais d’envie d’entendre tout ce que Madison n’avait pas eu le temps de me dire, et elle me bombardait littéralement de questions sur la Normandie. Voilà pourquoi nous avons convenu de dîner ensemble dès le lendemain, dans un restaurant de l’hôtel The Venetian. Je me suis rendue à ce second rendez-vous en glissant dans mon sac crayon et cahier pour prendre des notes. Madison avait pour sa part, une enveloppe garnie de photos. Après dîner, nous avons étiré nos échanges jusqu’au bout de la nuit dans les spots les plus branchés de la ville de tous les péchés, sans jamais perdre le fil de l’incroyable histoire qu’elle me livrait. Au petit jour, alors que nous nous apprêtions à rejoindre tout en haut du Strip, l’enseigne lumineuse mondialement connue de Welcome to fabulous Las Vegas, je lui ai fait la promesse de consacrer mon second roman aux destinées d’Élise et Bradley.
Dans les locaux de l’Alliance Française de Las Vegas, vous avez présenté votre premier livre et signé de nombreux exemplaires. Quel accueil avez-vous reçu ? Parlons maintenant plus précisément de « Mirage Blues. » Allez-vous parler de votre livre en direct de Monaco étant donné la situation sanitaire actuelle et réserver un retour à Las Vegas une fois que les restrictions de voyages seront levées ?
À l’Alliance française de Las Vegas, l’accueil que m’ont réservé la directrice, madame Claudine Escobar-Durand, et le président, monsieur Marc Zeman, m’a laissé un souvenir indélébile. Tous deux ont magnifiquement orchestré l’évènement et ont fait preuve d’un professionnalisme hors pair. J’ai également reçu un accueil incroyablement chaleureux de la part du public. En outre, Claudine avait organisé une rencontre au Lycée Coronado de Henderson avec des étudiants du Club de français. Les échanges avec les adolescents, mais aussi avec leur professeur, ont été particulièrement fructueux.
En raison de la situation sanitaire actuelle, la présentation de MIRAGE BLUES organisée par la Fédération des Alliances françaises des États-Unis se fera à distance le 1er juin prochain. Dès qu’il sera à nouveau possible de voyager outre-Atlantique sans restriction aucune, je retournerai avec un immense plaisir à l’Alliance française de Las Vegas, ne serait-ce que pour y retrouver les merveilleuses personnes que j’avais rencontrées lors de la présentation de mon premier roman LUNE POURPRE.
La littérature a-t-elle toujours été une passion pour vous ? Quel genre de livres aimez-vous lire pour vous distraire ?
Mes études supérieures de linguiste incluaient un programme de littérature française et étrangère. J’ai toujours beaucoup lu dans les langues de ma combinaison linguistique (français, anglais, espagnol, portugais, italien). Je n’avais cependant jamais songé à écrire des romans, du moins jusqu’à mon premier séjour en Normandie. Les trésors de l’architecture gothique de la ville de Rouen m’ont littéralement subjuguée. Au lendemain de ma visite à la cathédrale Notre-Dame de Rouen, l’idée de mon premier roman LUNE POURPRE m’est apparue comme une évidence. Sans doute mon imagination avait-elle fait son œuvre pendant la nuit.
Si vous deviez émettre une critique sur la société américaine, quelle serait-elle ?
Aucune critique depuis que je me rends aux États-Unis en vacances. C’est un pays dont je raffole, où je me sens comme un poisson dans l’eau et où je souhaite m’installer dès que possible. Certes, je ne peux vous livrer ici que mon ressenti de non-résidente, mais à chaque fois que je suis sur le sol américain, je n’ai jamais envie de le quitter.
Pourquoi avoir voulu écrire un roman sur les destinées d’Élise et Bradley ?
La flamboyance de leur passion envers et contre tous m’a bouleversée. Leurs destinées hors du commun, par-delà les océans, m’ont fascinée. De plus, je me devais de tenir ma promesse faite à Madison en 2015 : consacrer mon second roman à Élise et Bradley. En réalité, MIRAGE BLUES est un gage d’éternité que nul ne pourra jamais leur contester. MIRAGE BLUES est aussi un vibrant hommage aux Alliés, mais aussi et surtout aux G.I’s afro-américains dont l’engagement et l’héroïsme ont trop longtemps été passés sous silence.
Dans « Mirage Blues, » on plonge dans le Jazz’n’Blues des clubs de la Nouvelle-Orléans d’hier et de la ville d’aujourd’hui. Et aussi un peu sur les plages de Normandie en 1944 et le D-Day. Est-ce important de montrer ce que l’Amérique représente pour vous ?
L’Amérique est très chère à mon cœur depuis que je suis enfant. Je me souviens encore du tout premier film que j’ai regardé toute seule, sans en perdre une miette. Je devais avoir sept ou huit ans et je me suis extasiée devant « Duel au soleil, » un western de 1946 avec Jennifer Jones et Gregory Peck. C’est vous dire si dès mon plus jeune âge, mon inclination m’a tout naturellement portée vers les grands espaces arides et sauvages que je retrouve avec enchantement dans le Nevada et en Arizona.
Parlons un peu de Bradley, l’Afro-américain, un Black G.I. de la Nouvelle-Orléans qui rencontre Elise…
Il est le porte-étendard de tous les G.I.’s afro-américains qui ont combattu dans le camp des Alliés. Il incarne à lui seul la bravoure et l’honneur des troupes américaines. Au bal des officiers, après la libération d’Évreux, il rencontre Élise qui, accompagnée de son fiancé, le comte Maxence, resplendit dans la fraîcheur de ses vingt-et-un ans. Elle s’approche de la scène où Bradley se produit avec d’autres soldats musiciens. Au piano, il lui dédie « Lettre à Élise, » et tout bascule, en un instant.
Pensez-vous déjà au troisième livre ? Savez-vous où est-ce que ce livre aura lieu ? Dans quelle atmosphère ?
Mon troisième roman est quasiment fini. Il ne me reste que le dernier chapitre à écrire. Tout ce que je peux vous dire, c’est que Madison tient le rôle principal dans cette intrigue qui s’étire une nouvelle fois entre la Normandie, le Nevada et l’Arizona.
Qu’espérez-vous que les lecteurs gardent en mémoire après avoir lu vos livres ?
Mes romans sont à la gloire d’une jeunesse féminine qui, par la force de ses convictions, soulève des montagnes, tout en se jouant de la bien-pensance et du qu’en-dira-t-on. Que ce soit de nos jours ou au 16ème siècle, mes héroïnes s’affranchissent des conventions pour vivre leurs passions en jeunes femmes libres et émancipées. En dépit des épreuves qui jalonnent leurs existences, leur résilience n’a d’égal que leur courage. Grâce à leur détermination, elles parviennent toujours à une forme d’équilibre, certes souvent inattendue, mais elles guérissent bel et bien de leurs blessures. Leurs expériences de vie toutes singulières illustrent à merveille la célèbre phrase de Nietzsche « Ce qui ne tue pas rend plus fort. »